Yo Ho Yo Ho... j'aurais pas dû abuser du rhum... || Gaby

Ce mal de crâne aura ma mort, à moins que ce ne soit cette posture tout sauf appréciable dans laquelle je me sens coincé. C’est à peine si j’arrive à bouger, les jambes bien plus que mes bras que j’arrive à sentir immobilisés dans mon dos sans comprendre pourquoi. Sans doute parce que je ne suis pas dans le meilleur des états pour réellement réfléchir. Le goût de l’alcool ne tarde pas à se faire sentir dans ma bouche pâteuse d’un abus certain dont je n’ai pas totalement dégrisé. Un abus dont je peine à me souvenir l’origine. Ce n’est pourtant pas dans mes habitudes d’abuser de la bouteille, ça ne l’a jamais été, mais il faut croire que cet endroit a enfin réussi à avoir son emprise sur moi. S’immiscer en mon esprit qui espère le détruire plus qu’autre chose, ce qui est dommage il faut l’avouer. D’autant plus avec la nouvelle œuvre que j’aurais ô combien apprécié. Quel gamin n’a jamais rêvé de parcourir les sept mers en compagnie de pirates? Aucun et je ne suis pas une exception à la règle. Les pirates m’ont toujours un peu fasciné, mes photos d’Halloween enfant peuvent en témoigner plus qu’aisément. Je voulais un perroquet, un singe même, que mes parents n’ont jamais voulu m’offrir. Ce que je ne comprenais pas à l’époque, jusqu’à ce que je vieillisse un peu et fasse mes recherches sur la chose. J’ai de bons parents. Alors forcément cette œuvre, ce monde, cet univers, les possibilités…Peut-être que oui j’ai flanché un peu et me suis laissé tenter par ce rêve de gamin qui ne deviendrait jamais réalité hors d’ici. Peut-être même au point de trouver une taverne tout sourire pour boire un peu de rhum. Oserais-je dire beaucoup de rhum? Bien plus que ma large stature est en mesure d’en encaisser voilà qui est certain. Comment expliquer autrement ce réveil un peu brutal sans me remémorer tout le détail de la chose?

Ce réveil où mes yeux s’ouvrant difficilement semblent me montrer la cale d’un navire sombre, poussiéreux et humide à l’excès. Des détails que je ne manque pas de sentir de la moindre parcelle de mon anatomie bien trop exposée à mon goût, c’est-à-dire totalement mise à nu. Forcément je ne peux rien y changer comme je suis attaché à un morceau de bois quelconque, sauf mentionner mon mécontentement d’une voix grognonne et enrouée. « Bordel de rhum de merde. » Des semaines de réserve et d'absentéisme volontaire de ce bordel pour finalement me laisser tenter par une bouteille et quelques chansons hurlées plus que chantées, merci à l'alcool en question. Qu'est-ce que je fais maintenant que je suis ligoté à poil, là est la véritable question? Peut-être aussi qui a bien pu me ligoter dans cet endroit et dans cet état. Assurément pas des personnages du film, du moins je ne crois pas. Un joueur un peu trop amusé de me voir rouler sur le sol sans doute, et ce crétin va assurément me le payer lorsque je lui poserai la main dessus. Il ne me restait qu'à espéré que je ne me ferais pas trouver par... Cléo par exemple. Ce serait bien le bout de la merde à ce point. Je soupire, fixant le sol immonde sous moi puis observe l'environnement de mes yeux pas encore tout à fait présents en ce monde. Peu importe le nombre de temps que j'ai passé attaché ici, ce n'est pas suffisant pour que je sois en mesure de réellement me considérer sobre. Ce qui n'est pas forcément une bonne chose. S'il y a bien une chose que j'espère ne pas faire c'est envenimer la présente situation. « Reste qu'à attendre... Dans le pire je vais retrouver ma chambre le jour où on m'aura oublié et que je crèverai de faim... Suuuuuuperrrrr... »

J'aurais pu être moins sage. J'aurais pu totalement craquer, vider le bar et... Non. Je doute que ce bar puisse être vidé. En vérité, je suis presque certain que quelqu'un a eu la bonne idée de coder quelque chose qui fait qu'il y a toujours à boire dans ces tonneaux et dans ces bouteilles et croyez moi, c'est pas de l'eau.
Tortuga est un endroit aussi dangereux que particulièrement divertissant quoi que totalement cru dans le genre. Et en soit, ça me plait, alors forcément je m'y rend régulièrement. L'appel du rhum, le sexe facile, les quêtes sympas... Il y a toujours une bonne raison d'être là et ce soir-là... Bah c'était pas une raison bien plus complexe que ça.

Mais j'aurais pu être moins sage.

J'ai aussi peut-être encore le contre-coup de la veille. Sur Tortuga? Non, une canonnade en plein océan à laquelle j'ai uniquement survécu grâce à ma capacité d'adaptation.

Quoi qu'il en soit, me voilà sur les docks, déambulant avec une bouteille entamée à la main, un sabre volé à la ceinture et une tenue de pirate absolument cohérente. Oui dans Morpheus, c'est une bonne chose. Me voilà, marchant sur les planches de bois, écoutant les remous de l'océan, jusqu'à être dérangé par les rires forts et honnêtement exagérés d'une bande d'abrutis sur leur bateau. - Non vous avez vu cet abruti! - Rien que le mot "abruti" aurait dû me mettre sur la bonne piste, à croire que c'est un terme générique. - Ça va le calmer! - Ouais! On va le laisser là toute la nuit, quand il se réveillera on lui apprendra qu'il fait parti de l'équipage maintenant! On sera trop au milieu de l'océan pour qu'il ait le choix! - Je fronce les sourcils et porte mon attention sur mon bracelet, notamment la carte. Est-ce une quête surprise? Quelque chose de non renseigné? Peut-être y a-t-il quelque chose à faire ici? Ou peut-être n'est-ce rien de plus que quelques pirates bourrés... Une seule façon de savoir.

Bonsoir messieurs! Alors, qu'est-ce qui vous fait rire comme ça? Quel gredin avez-vous piégé! - Le choix de mot est louche mais l’intonation est crédible alors même si je sens un peu de méfiance, personne ne sort son sabre pour le moment. - Un petit idiot qui s'est frotté aux mauvais pirates! Tortuga n'est pas bonne pour tous! - Une volée de rires s'élèvent à nouveau dans la nuit et j'accompagne cette hilare compagnie pour donner le change. - On l'a attaché à poil dans la cale! On lui filera un sac en tissus et une serpillière demain pour s'occuper du pont! - Bon plan, bon plan. - Je baisse les yeux vers le sol, comme si je pouvais voir à travers, et même si l'idée de traverser le plancher me passe par la tête, après tout c'est déjà arrivé, je ne peux pas me reposer sur ça. - À vrai dire, je cherche quelqu'un. Il se pourrait bien que votre nouveau matelot soit ce gars-là. - Ah oui? Le capitaine est retourné en ville, on peut rien pour toi. - Quelques minutes avec lui contre cette bouteille de rhum? Elle est entamée mais mieux vaut une bouteille entamée qu'une bouteille vide, j'ai pas raison? - Bien dit! - T'as cinq minutes. Évites de le regarder dans les yeux, il est tellement laid qu'il te filerait la nausée! - Dit le pirate aux dents pourris à un œil jaune. - Merci du tuyau, l'ami! Je fais vite!

Franchement? Une bande d'imbéciles heureux qui ont sûrement perdu leur cerveau à force de respirer les vapeurs de l'océan. Mais ça joue en ma faveur alors je fais avec et m'esquive pour descendre, leur laissant ma bouteille de rhum en échange.
Je me fais peut-être des idées, après tout, ça peut aussi n'être qu'une mise en scène pour solidifier le background de l'oeuvre et l'ambiance générale. Je descend quelques marches en m'aidant d'une main au plafond pour garder l'équilibre et atteint finalement la cale. Et là... Là je pouffe littéralement de rire. - Alors ça! - Sans perdre une seule seconde, j'active le mode enregistrement du bracelet et envoie le mini-drone capturer la scène en photo et vidéo, sous tous les angles. - Déteste-moi si ça te chante, y'a aucune chance que tu sortes d'ici sans que j'ai tout enregistré.

Oh il est très attaché, Alek. Il est très nu aussi. Et via le peu de lumière que j'ai pour observer, il a l'air carrément gelé. Mais après tout, à quoi peut-on s'attendre quand on est nu dans la cale d'un bateau sur l'eau en pleine nuit? - Qu'est-ce que t'as foutu pour arriver là? - Je me rapproche, le sourire aux lèvres, mais est-ce que je dégainerais mon sabre pour le libérer? Nooon! Faisons durer le plaisir quelques minutes de plus.

Rester immobile à ne rien faire n'a jamais réellement été une option malgré mon état d'esprit du moment, c'est-à-dire un flou perpétuel causé par les restes d'alcool me pourrissant encore l'existence. Alors même si oui j'ai sans doute un peu espoir qu'une âme charitable viendra me libérer, je m'efforce d'essayer de le faire moi-même du peu de coordination que j'arrive à tirer de mes membres engourdis. Je me trémousse donc sur le sol en affichant une grimace dégoûtée à l'idée de ce qui s'étale si allégrement sur la peau de mes fesses, tâchant de défaire ou au moins amoindrir la force des liens à mes poignets. Si seulement j'arrivais à me relever le tout pourrait sans doute m'aider. Quoique je doute fortement être en mesure de faire tomber ce sur quoi je suis appuyé. Ce vieux rafiot est bien abîmé certes, mais tout de même pas à ce point. Je replis tout de même mes jambes vers moi, essayant de glisser contre le morceaux de bois auquel je suis lié sans grand succès il faut l'avouer. Ne tardant à soupirer et serrer les dents devant la frustration imminente stoppée dans son élan par le bruit de pas. Je fronce les sourcils dans l'attente d'une révélation quelconque, me disant qu'au moins je serai en mesure de mettre un visage sur l'un des crétins à avoir fait ça. Qui d'autre pourrait bien passer par ici? Lors que je vois son visage, que j'entends sa voix, mais surtout que je vois le petit drone se déplacer tout autour de moi pour capter chaque angle du moment... Comme je me retiens dans mon envie de lui tordre le cou. Déjà parce que je suis attaché puisqu'outre ça c'est bien le seul loisir que cet endroit peut nous procurer en comparaison avec la réalité, la possibilité de tuer au moins une fois les connards déterminés à nous faire chier. Ensuite, parce que forcément si je l'envoi si tôt baladé il n'y a pas la moindre chance qu'il se donne la peine de me détacher cet imbécile.

Un frisson me parcours le corps alors qu'il s'approche davantage, l'air frais contre ma peau tout sauf vêtue n'aidant en rien. Je tâche d'ailleurs de rapprocher un peu plus mes jambes de ma personne. Non que je sois gêné de mon corps, mais disons que ça ne m'empêche pas d'avoir une certaine dignité à ne pas totalement omettre de préserver. « Ça se sent voyons. J'ai abusé de la bouteille comme toute bonne personne le fait en présence de pirates. » Dis-je en levant les yeux aux ciels. « Ça semble avoir été ton cas aussi vu ce que je sens dans l'air. » Sauf que lui au moins il a des vêtements. Des vêtements de pirates même, ce qui aurait peut-être pu m'éviter cette stupide humiliation. J'avais plutôt décidé de partiellement bouder ce bordel en enfilant des vêtements normaux de l'époque avant de me perdre sur cette planque à pirates en toute logique. Il faut avouer que la tête n'y était plus depuis plusieurs semaines, avec raison sans doute. J'avais encaisser bien pire pourtant, mais dans tous les cas un facteur restait le même. J'avais besoin de temps pour dessiner un nouveau cheminement pour mon existence en prenant en compte les éléments s'étant précipités devant moi sans que je ne puisse le contrôler. « Alors... tu vas te contenter de me filmer pour le plaisir de me faire chier durant les mois à venir ou est-ce que tu comptes aussi me détacher? » Et le 'crétin' je l'ai retenu sur la finalité pour ne pas me tirer dans le pied, sentant tout de même que ma patience sera assurément plus limitée qu'à son habitude en raison de mon organisme toujours bien alcoolisé. Je n'aurai probablement pas besoin de beaucoup pour ne plus faire usage de mon filtre naturel et retrouver l'adolescent imbécile que j'ai pu être à une certaine période de ma vie.

« Ça se sent voyons. J'ai abusé de la bouteille comme toute bonne personne le fait en présence de pirates. » - Je suis pas assez prêt pour sentir quoi que ce soit autre que l'odeur de rhum encore sur mes lèvres. Mais s'il le dit, je veux bien le croire, d'autant que la situation devient bien plus cohérente, quoi que totalement incroyable il faut bien l'avouer. - « Ça semble avoir été ton cas aussi vu ce que je sens dans l'air. » - Je vois pas de quoi tu parles, je suis aussi sobre qu'un caillou. - Un galet tout lisse, jeté au fond d'une rivière d'eau pure, fraîche comme les pins... Bon ok, j'ai remplacé une partie de mon sang par du rhum, qui peut me blâmer? Certainement pas lui! - « Alors... tu vas te contenter de me filmer pour le plaisir de me faire chier durant les mois à venir ou est-ce que tu comptes aussi me détacher? » - Ouais. - Dis-je, distrait, en l'observant lui et surtout les liens, mais un peu lui, enfin en général quoi. - Oui, ouais, j'arrive.

Reprenant le contrôle de mon attention je contourne le pilier de bois sur lequel son cul blanc a été lié et je dégaine mon sabre. - Bouge pas. - Je glisse la lame entre ses mains, fil vers l'extérieur, contre le cordage que je commence à scier. - Par contre, je crois qu'ils ont balancé tes vêtements dans le tonneau de je sais pas quoi pour laver le pont, alors va falloir te trouver autre chose pour rejoindre le portail... Est-ce que tu te sens capable de porter des fringues de pirates bouffées par la crasse ou tu préfères qu'on cherche mieux? - Honnêtement je préférerais encore rentrer à poil, mais c'est lui que ça concerne. Je peux toujours lui filer ma veste et mon tricorne mais je ne porte qu'un pantalon et à moins qu'il prenne mes sous-vêtements...

Lorsque je sens la corde céder sous l'action de la lame, mes lèvres esquissent un sourire satisfait. - Et voilà. - Un regard à son dos lorsque je le vois bouger et je grimace devant les rougeurs que j'y vois. - T'as le dos plein d'échardes, tu t'es frottés longtemps comme ça avant que j'arrive? - Contournant à nouveau le pilier de bois, gardant une distance raisonnable pour éviter qu'il me saute à la gorge, quoi que moi au moins j'ai une arme, je croise les bras. - Par contre, faut qu'on bouge. Ils m'ont accordé cinq minutes seulement et comme je savais pas que c'était toi, j'ai pas négocié ta libération. - Soit on parvient à fuir sans éveiller les soupçons, soit j'ai un plan catastrophique en réserve. - Quoi que soyons lucide, s'ils t'ont foutu là, rien ne dit qu'ils comptent pas me faire la même chose.

Je dois m'avouer surpris de l'entendre acquiescer à mon questionnement pourtant pas prononcé sur le plus aimable des tons, il faut l'admettre. Peut-être est-ce en raison de l'alcool coulant dans ses propres veines ou parce qu'au fond ce n'est peut-être pas totalement un connard irrécupérable, malgré le drone. Sans doute que nous ne le saurons jamais, surtout parce que ce n'est assurément pas ma principale préoccupation du moment. Plutôt de réussir à sortir de cet endroit sans devoir me faire renommer Alek les blanches fesses jusqu'à ce qu'enfin nous arrivions à sortir de ce jeu stupide, ce serait bien le comble dans ce bordel sans nom que j'ai déjà envie de détruire un peu plus à chaque seconde qui s'écoule. Alors je me tais, au moins jusqu'à ce que je ne sois plus captif des liens m'imposant de m'encrasser sur ce sol un peu poisseux. M'appliquant à ne pas bouger lorsqu'il me le demande, d'autant plus en entendant le son d'une épée dégainée et n'ayant pas envie qu'il me manque un morceau même si je sais qu'en mourant il va repousser. Ce qui est un peu glauque et dégoûtant pour le coup, surtout bien loin de la réalité et ça je peux l'assurer. Peut-être est-ce pour cette raison que ça ne semble importuner personne plus que de raison de se trouver coincé dans cet endroit, parce qu'ici au moins tout a le mérite d'être simple voir même pardonnable. Les morceaux repoussent, la mort n'est pas définitive et la vengeance est toujours une option pour le plaisir ou non. Alors que dehors, c'est autre chose qui régit nos existences.

Je soupire lorsqu'il mentionne mes vêtements balancés dans ce que je suppose être le tonneau d'eau le plus dégoûtant que j'aurai vu de ma vie, puisque après tout ça me semble logique vu le contexte. Forcément, ça ne m'étonne pas réellement. Ça aurait été bien trop facile sinon que n'importe quel abruti arrive à me libérer et que je puisse m'habiller et repartir en toute tranquillité. Ce qui n'est qu'à moitié vrai en ce moment. « J'imagine qu'au point où j'en suis rentrer nu ne changera pas beaucoup de la situation actuelle. Surtout que tu as de belles preuves de tout ça. Vaut mieux ça que rester croupir ici jusqu'à ce que je meurs de faim et en crève. » Et le merci? J'espère probablement qu'il est trop bourré pour s'en rendre compte là où moi je commence à lentement dégriser. Quoique si réellement je tiens à marcher jusqu'au portail en ne portant rien de plus que ce que la nature m'a donné, je devrais probablement trouver une bouteille à vider pour ne pas m'en rappeler lors du difficile réveil du lendemain. L'excuse parfaite à utiliser dans ce cas bien précis, d'autant plus que je n'ai pas totalement tord sur un point. Ce connard a déjà tout filmé de cette scène si mémorable, et il va le regretter s'il ose le montrer à qui que ce soit. Ça je le lui promets mentalement en esquissant un mouvement pour me relever en tentant de ne pas vaciller au passage, me figeant un instant en l'entendant mentionner tous les échardes dans mon dos. Voilà qui sera une réelle partie de plaisir de réussir à les retirer. « Au moins j'ai essayé de me libérer plutôt que me contenter d'attendre comme un con. »

Finalement debout, tâchant de faire fi du fait que je suis complètement nu, je croise les bras en l'entendant mentionner les personnes se trouvant sur le pont et devant être les responsables de ma situation. Haussant un sourcil lorsqu'il dit, textuellement ou presque, que la libération n'a pas été négociée parce qu'il ne savait pas que c'était moi. « Parce que si tu avais su que c'était moi tu aurais négocié ma libération? Pourquoi j'en doute?. » Dans tous les cas, il n'a pas non plus tord sur le fait qu'on pourrait bien se retrouver tous les deux coincés à mal jouer nos cartes. « Qu'est-ce que tu proposes alors dit-moi? On fait diversion et on les assomme un bon coup? On prend l'un des tonneaux et on leur balance à la gueule avant de fuir en courant? À moins que tu aies de quoi brûler le bateau histoire de faire les choses en grand, au point où on en est. Je suis tout oui. » Dans tous les cas j'ai déjà touché le fond aujourd'hui et ce sera difficile de tomber plus bas que ça n'est déjà le cas à manigancer un plan, à poils, pour arriver à trouver un douche et un lit fictif un moindrement douillet pour passer l’amertume de tout ceci.

J'imagine qu'au point où j'en suis rentrer nu ne changera pas beaucoup de la situation actuelle. Surtout que tu as de belles preuves de tout ça. Vaut mieux ça que rester croupir ici jusqu'à ce que je meurs de faim et en crève. - J'ai jamais dis que j'allais diffuser la vidéo. Cela dit, rester ici apportera rien de bon, ça c'est vrai. - Pendant qu'il masse ses poignets bouffés par le mauvais cordage rêche et désagréable, je continue de parler tout en observant les alentours. - Au moins j'ai essayé de me libérer plutôt que me contenter d'attendre comme un con. - Bon point.

Honnêtement, je regarde partout ailleurs plus pour éviter de le regarder lui que de chercher une solution, même si je cherche vraiment une solution. Personne pourra nier qu'il est plutôt distrayant dans le genre. - Parce que si tu avais su que c'était moi tu aurais négocié ma libération? Pourquoi j'en doute? - Parce que t'es mauvaise langue. Je vais pas te laisser crever de faim et d'épuisement, à poils, en fond de cale avec des pirates douteux qui pourrait te faire n'importe quoi. T'es chiant, mais pas à ce point. - Ça s'appelle la conscience humaine. J'aurais fais l'effort pour d'autres, mais même lui ne mérite pas ça. À moins que ces pirates soient adeptes de la chatouille comme torture, ça se serait amusant à voir.

Qu'est-ce que tu proposes alors dit-moi? On fait diversion et on les assomme un bon coup? On prend l'un des tonneaux et on leur balance à la gueule avant de fuir en courant? À moins que tu aies de quoi brûler le bateau histoire de faire les choses en grand, au point où on en est. Je suis tout oui. - Tes cinq minutes sont écoulées, l'ami! - Merde. Heeu. Heeu... - Laissez-moi deux minutes, que je le finisse, je paierais le supplément! - Que je le finisse? Attendez. Quoi? Je tourne la tête vers lui, croise son regard et hausse les épaules. - Quoi. J'essaye de gagner du temps. - Mais vu les bruits de pas, je doute que ça ait fonctionné.

C'est le moment improvisation dans ce cas. Je dégaine mon sabre et le lui lance. - Chapitre 36, alinéa 2 du code des pirates: l'homme nu devra porter le sabre et se déplacer à quatre pattes. Mais tu peux rester debout, personne regarde. - Quoi? Oui j'ai inventé cette règle. Il est où le problème? - Suffit qu'on arrive sur le pont, on aura qu'à sauter par-dessus bord. Ils nous suivront pas et on nagera jusqu'à la plage. Je vais faire diversion. - Lui? Me laisser faire tout le boulot et se laisser sauver telle une demoiselle nudiste en détresse? Nan, je ressens le besoin de préciser ma pensée. - T'es sans protection, vaut mieux que t'évite d'être en première ligne et que tu te barres dés que t'en a l'occasion, ce serait con qu'ils te la coupent par accident. Moi je risque rien...

Hey! Pourquoi tu l'as détaché! - Fallait bien que je le libère pour ce que je veux en faire. - Hey! Pourquoi tu lui as filé un sabre! Butez les, les gars! - Le premier tir de pistolet tonne dans la cale du navire, mais plutôt que de bondir pour l'éviter, je me place bien devant, bouclier humain entre leurs armes et le nudiste. - Aoutch. Ça picote... - Grogné-je en sentant la balle sortir de mon corps. Pris de paniques, les trois pirates tirent encore toutes les balles qu'ils peuvent, c'est à dire cinq, avant que le chef ne décide de régler ça au sabre et de m'embrocher de l'entièreté de sa lame rouillée. Heureusement que je suis vacciné. Et pourtant, je reste debout. Je ne flanche pas. Merde, je me redresse et retire le sabre de mon ventre en grimaçant. - Vous a-t-on déjà parlé du pirate maudis, Arkam l'immortel? DEVINEZ QUI EST VENU VOUS HANTER! - C'est ça, hurlez comme des fillettes.

Deux minutes qu'il finisse? Qu'il finisse quoi exactement ce petit con? Évidemment que je sais à quelle genre d'allusion douteuse il peut faire référence lorsqu'il répond à l'un de ceux m'ayant probablement coincé dans ce merdier, mais je ne semble pas vouloir y croire. Malgré son excuse se résumant à essayer de gagner du temps. Comme si c'était la seule façon de gagner du temps, trouver un parfait inconnu dans une cale pour se le faire avant de dégriser, comme c'est pitoyable. Je me demande même qui paiera le plus cher si cette information, aussi fausse soit-elle, réussie à sortir de cet endroit. J'imagine que cela dépendant de la nature des personnes se trouvant sur le pont. Personnages du jeu ou joueurs, là est la question. « Soit ce sont des voyeurs, soit tu as la gueule d'un petit rapide. » Que je mentionne en entendant les bruits de pas s'approchant de nous, préférant visiblement, là encore, en rire qu'en pleurer. J'attrape de justesse le sabre qu'il me lance, haussant un sourcil à son petit charabia vide de sens et me disant que l'alcool y est peut-être pour quelque chose si ce n'est sa stupidité naturelle. Je n'aime pas cet homme, ce qui doit assurément se sentir dans ma façon d'agir et mes propos pour compenser mes pensées bien pires que tout le reste qui, heureusement, restent bien au chaud dans mon esprit vaguement alcoolisé. « Ce serait con que je me laisse sauver comme si je n'arrivais pas à me débrouiller alors que le pire qui peut arriver c'est que je crève et me réveille bien sagement dans mon lit. Sans protections certes, mais pas près d'être si aisément effrayé en sachant ce qui m'attend. » C'est ce que je réponds à son petit plan et discours de sauvetage avant d'entendre la voix de l'homme entendue plus tôt ainsi que le corps qui vient avec. Bien moins bête que je l'aurais espéré d'ailleurs et qui ne tarde à comprendre le subterfuge en apercevant l'arme qui n'a pas quitté ma main.

Une arme me semblant toutefois bien désuète face à l'arme à feu que je ne tarde à voir se pointer dans ma direction en sachant pertinemment que je n'aurai pas le temps d'éviter le coup raisonnant déjà dans la cale. Un tir que je ne sens pourtant pas aboutir en ma chaire, plutôt non loin de moi, après avoir littéralement traversé le grand blond s'étant placé devant moi. C'est qu'il prend un peu trop au sérieux son rôle de sauveur celui-là, à n'en point douter, mais ce n'est pas ce qui me fait froncer les sourcils sous la surprise. Plutôt le fait qu'il ne semble pas du tout souffrir de la blessure. Comme un mort vivant à qui on aurait enfoncé une lame dans le ventre et qui ne sentirait la chose que comme quelque chose d'encombrante plutôt qu'une véritable source de douleur. Qu'est-ce qu'il a fait encore? Voyant les autres hommes lever leurs armes, je ne pousse tout de même pas ma chance comme il peut le faire et vais me cacher derrière un tonneau le temps d'entendre cesser les coups de feu. Je me redresse lorsque le silence retombe une trop courte fraction de seconde pour voir mon sauveur de pacotille se faire embrocher d'un sabre avant d'hurler quelque chose qui semble faire hésiter puis littéralement fuir nos assaillants. « Hey bien... » Restant debout derrière le tonneau, grimaçant un peu de sentir les échardes se balader sous la chaire de mon dos, je l'observe en haussant un sourcil septique. « Arkam l'immortel? On est bien loin de ton plan initial. » Je soupire en posant le sabre près de moi. « J'imagine que je te dois un merci et peut te dire que c'est bon maintenant je devrais arriver à retrouver le chemin de la zone neutre. Toi par contre... Je ne sais pas ce qui t'empêche de te vider de ton sang, mais j'espère que ça ne te passera pas soudainement parce que sinon le retour risque d'être un peu brutal. »

Soit ce sont des voyeurs, soit tu as la gueule d'un petit rapide. - Court mais intense. - Que je lui répond en vitesse avant que les types n'arrivent et que tout s’enchaîne. La première balle, le chieur qui va se mettre à couvert, puis les autres coups de feu, finalement la lame rouillée qui me traverse de part en part. Tout ça donne un bon spectacle durant lequel pas la moindre goutte de sang n'atteint le sol. Le tissus de mon costume éponge le peu de liquide rouge, soit trois fois rien, mais je dois admettre qu'extirper moi-même le sabre est franchement inconfortable. Au moins, les balles sortent d'elles-mêmes.

Hey bien... - Je me tourne vers lui en laissant tomber le sabre couvert de sang par terre dans un son métallique étouffé par le bois. Ma tenue est totalement foutue, tâchée de rouge et surtout trouée un peu partout. Pourtant, en-dessous, ma peau est intacte. - Arkam l'immortel? On est bien loin de ton plan initial. - Qu'est-ce que tu racontes? C'était son mon plan initial. Tout s'est passé comme je l'avais prévu. - Le pire dans l'histoire? C'est que c'est vrai. Mon plan était de faire jouer ce petit plus et faire flipper les pirates qui me semblaient bien assez impressionnable pour faire un coup pareil.

J'imagine que je te dois un merci et peut te dire que c'est bon maintenant je devrais arriver à retrouver le chemin de la zone neutre. Toi par contre... Je ne sais pas ce qui t'empêche de te vider de ton sang, mais j'espère que ça ne te passera pas soudainement parce que sinon le retour risque d'être un peu brutal. - Un sourire esquisse mes lèvres alors que j'essuie sur le tissus couvrant mes cuisses mes mains un peu rouges. - Aucun risque. Je me suis payé la Capacité d'adaptation. Dans cette oeuvre, je suis immortel. Bon par contre, c'est pas spécialement sans douleur, mais c'est pas grand chose comparé à ce que j'ai déjà subi. - Et je parle pas de mon dos, je parle de blessure par arme.

Tu me dois rien du tout, mais si tu y tiens, on trouvera bien comment tu peux me remercier. - De l'autre côté de la paroi de bois, on entend le martèlement de pas sur le ponton, signe que les pirates s'enfuient à toutes jambes. - La voie à l'air libre, on peut filer. Tu veux que j'aille te trouver des vêtements ou tu restes sur l'idée de rentrer à poil? - Attends, quoi? Pourquoi? C'est quoi cette gentillesse? C'est quoi cette prévenance? Qu'est-ce... Vite, rectifier le tir. - Ou alors je te fiche mon sabre dans le corps et tu te réveilles dans ton lit? - Lâché-je d'un air soudainement désintéressé. Voilà, c'est mieux comme ça. Faudrait pas qu'il pense... Enfin, il pense rien du tout, qu'est-ce que je m'en fous de cet emmerdeur.

Immortel dans cet œuvre, voilà qui explique cela. Que ne soit pas sans douleur n'est qu'un baume en plus pour ma personne qui ne souhaitais pas spécialement se faire sauver comme une princesse en détresse dans tous les cas. Il faut croire que tout n'est pas à l'image de ce qu'on voit dans les livres et les films, le prince charmant n'est pas forcément celui qu'on espère tant voir se matérialiser à notre regard lorsque la situation le nécessite. N'importe qui sauf lui, c'est ce que j'aurais aimé dire, mais il même trop tard pour le penser désormais. Je me contente donc de dévisager ses plaies inexistantes en me disant que c'est un luxe que je ne crois pas arriver à me permettre. Non tant parce que je n'en aurai pas les moyens que parce que ce genre de petite tricherie ne m'intéresse pas. Je préfère encore me casser la figure en tombant de Big Ben ou couler au fond de l'océan malgré tout le mal que je pourrai ressentir qu'avoir une chance de profiter de cette immortalité bien plus hors jeu que tout le reste et devoir maudire toute personne qui aura cru bon de me lancer une balle entre les yeux. Ou est-ce seulement parce que je me trouve une nouvelle raison de le haïr et l'observer sans l'once d'une gratitude? Sans doute que nous ne le saurons jamais. « Tant mieux pour toi alors si ça te permets de t'en sortir indemne. » Que je mentionne d'un ton détaché. « Puis je ne tiens pas particulièrement à te remercier plus que nécessaire. La formule de politesse suffira. » Puis ce n'est pas comme si nos routes semblaient destinées à se croiser pour une raison qui m'échappe totalement et a ce don de me mettre en colère ou du moins de me rendre plus grognon qu'à mon habitude. Mon sourire m'ayant échappé dès lors que j'ai constaté ne plus pouvoir sortir de cet endroit.

J'entends vaguement nos assaillants continuer de s'enfuir en laissant échapper un soupire. « Je vais me débrouiller. » Je ne rentrerai certainement pas à poils, mais il en a assez fait pour ce soir et je n'ai pas envie d'avoir davantage de raisons de le remercier. Surtout que trouver des vêtements ne devrait pas être la tâche la plus difficile à réaliser. Pour le reste, il a déjà vu l'essentiel de toute façon et l'a même filmé ce crétin. J'ose presque espéré qu'il supprimera le tout par mégarde et ne s'en souviendra pas lorsqu'il commencera à dégriser. Dans tous les cas, je ne me prive donc pas de sortir de derrière le tonneau pour le toiser du regard avant de me diriger vers la sortie sans regarder derrière-moi. « Rentre bien. » Est-ce que je le pense? Pas vraiment, mais il fallait bien que je dise quelque chose. Je quitte donc rapidement, non sans laisser échapper un long soupire las et légèrement douloureux, pour me mettre en quête de vêtements. Pour les échardes dans mon dos, je trouverai bien quelqu'un pour me donner un coup de main et dans le cas contraire je trouverai bien quelqu'un pour m'achever histoire de tout recommencer.